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Non, pardonner le mal ce n’est pas l’excuser !

 

Le pardon est certes un geste de charité extrême. Il suppose aussi un renoncement radical à soi. Mais il n’est en aucun cas une permission à l’égard du mal. Le pardon ne tolère rien. Il est intransigeant. Car la bonté n’est pas dupe. Une offense qui, après examen, n’en serait qu’à moitié une, ne réclame déjà plus un pardon ; elle réclame de l’indulgence.

Le pardon reconnaît la gravité du mal commis, et c’est pour cette raison même qu’il peut s’ériger comme un acte radical de bonté.  

L’intransigeance du pardon à l’égard du mal en est donc une de ses conditions de possibilité les plus essentielles. L’extrême générosité du pardon est, paradoxalement, corollaire à son extrême exigence.

 

Le pardon porte en lui la reconnaissance de la faute

On vous l’accorde, la différence paraît ténue entre l’indulgence de l’excuse et la grâce du pardon. Elle est fondamentale. Comme nous l’avons écrit dans un autre article en reprenant une idée du philosophe Olivier Abel, jamais le pardon ne nie le mal commis. Au contraire, le pardon porte en lui la reconnaissance de la faute. Pour donner gratuitement un pardon, il faut qu’il y ait une offense à pardonner.

Olivier Abel écrit :

« Le pardon n’a de valeur que s’il existe cette possibilité de rendre le mal pour le mal, si la victime a les moyens de faire valoir sa force : “ On ne peut pardonner que ce qu’on peut punir ”, dit Simone Weil. »

Olivier Abel

L’excuse justifie, le pardon absout

Le théologien Jacques Ellul a richement développé cette différence de logique entre l’excuse et le pardon. Il explique que l’excuse vise à comprendre les raisons qui ont mené l’auteur du tort commis à passer à l’acte, que ces raisons soient psychologiques ou sociétales. L’excuse cherche à reconnaître les circonstances atténuantes de l’acte, à minimiser le caractère offensant du tort commis. L’excuse s’inscrit dans une éthique de la compréhension. Jacques Ellul écrit :

« Excuser, c’est annuler plus ou moins ce qui accuse.1»

Le pardon, lui, « ne pardonne pas parce que ; le pardon néglige de se justifier lui-même et de donner ses raisons : car des raisons, il n’en a pas.2» Comme nous l’avons écrit dans un autre article, le pardon vise précisément à pardonner l’impardonnable. 

 

L’excuse et le pardon ont leur valeur propre

Loin de nous l’idée cependant de dénigrer l’excuse. Elle a tout à fait son sens et sa pertinence dans certains cas. Celui qui verse du café sur votre chemise n’a pas besoin de pardon, mais bien d’une excuse. Ne lui dîtes pas, avec une tape amicale sur l’épaule, « je te pardonne mon enfant ». Vous auriez l’air beaucoup trop bizarre. Bien plutôt, il s’agit de reconnaître qu’il n’a pas fait exprès, que ce n’est pas si grave, qu’il était bien intentionné, etc.

Le pardon et l’excuse ont donc leur propre champ d’application. L’erreur réclame l’indulgence de l’excuse ; l’offense réclame la grâce du pardon.

 

 

1. Jacques Ellul, « Car tout est grâce », Le Pardon. Briser la dette et l’oubli, Paris, Autrement, 1996, p. 130. In : Julien Rémy, « L’offense, le pardon et le don », Revue du MAUSS, 2012/2 (n° 40), p. 38.
2. Ibid., p. 126. In : Julien Rémy, « L’offense, le pardon et le don », Revue du MAUSS, 2012/2 (n° 40), p. 38. ↩

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