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La justice restaurative et le pardon

Article de Christophe Hahling

 

La justice restaurative est un concept de justice ayant deux sources : les systèmes de justice participative et communautaire des peuplades premières (en Amérique du nord, Australie, Nouvelle Zélande, Afrique), et les principes de la justice inscrits dans la Bible, en particulier chez les prophètes.

 

La justice restaurative est à l’écoute de la victime, de l’infracteur, de leurs familles, et de la communauté/société. Elle propose de les mettre ensemble, dans le dialogue, afin d’essayer de trouver une issue permettant à chaque partie de sortir plus forte de cette confrontation, dans le but d’avancer et de voir un avenir possible.

 

Justice pénale vs. justice restaurative

 

Dans la justice pénale classique, le crime est une violation de la loi et de l’Etat ; dans la justice restaurative, le crime est une violation des liens interpersonnels. Dans la justice pénale, les violations créent une culpabilité ; dans la justice restaurative, les violations créent des obligations. La justice pénale exige que l’Etat établisse la faute (culpabilité) et impose une rétribution (punition) ; la justice restaurative fait participer les victimes, les infracteurs et les membres de la communauté afin de réparer les torts subis. Dans la justice pénale, les infracteurs doivent être traités comme ils l’ont mérité ; dans la justice restaurative, ce qui compte, c’est la satisfaction des besoins des victimes et la responsabilisation des infracteurs dans la réparation, en vue d’une éventuelle et souhaitable restauration de toutes les personnes en conflit.

Dans la justice pénale, les violations créent une culpabilité ; dans la justice restaurative, les violations créent des obligations.

Parmi les modèles d’application de la justice restaurative, signalons : les rencontres entre victime et infracteur, les réunions du groupe familial, les cercles restauratifs.

 

Les bienfaits de la justice restaurative

 

Bien que ce ne soit pas le but premier de la justice restaurative, elle contribue néanmoins à une réduction de la récidive, et peut aussi amener (mais sans en obliger les parties) à une réconciliation voire à un pardon possible. Elle tend aussi à amener la paix sociale pour l’ensemble de la communauté (famille, quartier, village).

Les chrétiens sont très sensibles au pardon (offert par Dieu en Jésus-Christ, et que les hommes sont invités à s’accorder entre eux lorsqu’il y a confession des fautes de la part de la personne qui a commis un délit/crime). La justice restaurative permet cela.

Appliquée depuis plus de 25 ans dans certains pays, la justice restaurative commence à émerger et à être appliquée en France, sous diverses formes, surtout que depuis août 2014, elle est permise (et mentionnée comme une des possibilités) dans le Code pénal.

La justice, selon l’enseignement biblique (Ancien et Nouveau Testament), implique non seulement le jugement et la punition, mais aussi la compassion, la générosité, le pardon, la réconciliation, la guérison, la restauration, la paix.

Comme l’écrit R. Cario en conclusion de son ouvrage, à propos de la justice restaurative :

Une telle œuvre de justice rend alors possible le pardon. Ainsi, en annulant la vengeance vindicative, la justice restaurative s’ouvre au vindicatoire en offrant à la victime, reconnue en tant que telle face à l’infracteur, la possibilité de délier le lien d’offense et de lui remettre tout ou partie de sa dette, d’hier, d’aujourd’hui ou de demain.

A.Garapon, R.Verdier, Postface.

Et le pardon donné pour une victime « casse l’engrenage du malheur », « mobilise pour l’avenir ». « C’est une nouvelle vie offerte ». Les chrétiens croient qu’en Jésus-Christ, une restauration de la personne blessée est possible, qu’elle soit victime ou infracteur.

 

Pour aller plus loin :

–    Robert Cario, Justice restaurative, Principes et promesses, traité de sciences criminelles, L’Harmattan, Paris, 2ème éd. 2010, 302 p.

–       Christophe Hahling, Une justice pour restaurer, Les cahiers de l’école pastorale, no.79, Croire Publications, Paris, 1er trim. 2011, p. 37-58

–       Howard Zehr, La justice restaurative. Pour sortir des impasses de la logique punitive, Genève : Labor et Fides, 2012, 98 p.

 

Article de Christophe Hahling

 

1. A.Garapon, R.Verdier, Postface. Nouvelles justices, nouvelles sanctions, in R.Verdier (dir.), Vengeance. Le face-à-face victime/agresseur, Ed.Autrement, coll. Mutations, 2004, p.227 ↩
2. J.Cachot, H.Renaudin, J.H.Vigneau, La peine et le pardon. Le cri des détenus, Ed. de l’Atelier, 2001, p.53s., dans R.Cario, Justice restaurative, p.136. ↩
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