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En philosophie, les détracteurs du pardon sont nombreux. « Le pardon est pour les faibles » est l’un des reproches les plus fréquents qu’on lui adresse. Je retiens particulièrement ici deux critiques, auxquelles je vais tenter de répondre.

 

La critique nietzschéenne

 

« C’est par lâcheté que le chrétien pardonne ». Voilà ce qu’affirmait Nietzsche . C’est parce qu’il n’a pas le courage de se venger que le chrétien propose à son offenseur de lui pardonner, en prétextant qu’il l’aime pour mieux lui cacher son ressentiment véritable.

 

La critique stoïcienne

 

Les stoïciens, quant à eux, auraient sans doute vu dans le pardon un emportement des émotions. Or, le sage stoïcien ne peut précisément pas se laisser aller aux passions. Plutôt que de se plaindre de ses blessures et de s’abandonner aux effusions sentimentalistes du pardon, l’homme qui a subi une offense ferait mieux de prendre du recul sur sa peine. Voilà ce qui serait susceptible de le faire moins souffrir. Le pardon est donc la voie de la faiblesse, selon les Stoïciens, parce qu’il fait perdre à l’homme sa capacité à rester impassible face aux douleurs.

 

Le christianisme se prononce-t-il pour ou contre la faiblesse humaine ?

 

Le christianisme a une approche ambivalente à l’égard de la faiblesse humaine. La faiblesse n’y est jamais valorisée pour elle-même. En tant que chrétien, on est appelé à revêtir la force et le courage qui nous viennent de Dieu.

Néanmoins, jamais le chrétien n’est invité à sacrifier sa sensibilité et son affectivité sur l’autel de sa force. Nous sommes invités avant toute chose à aimer. Or comment aimer – et comment se laisser aimer – sans accepter de se mettre en partie à nu devant l’autre, de s’exposer à son regard ; en bref, de dévoiler une part de sa faiblesse intime ?

L'amour se paye donc au prix de la faiblesse.

Paul Kronberger

Pour aimer, on doit prendre le risque d’être vulnérable. Dieu lui-même a accepté de se montrer faible pour nous témoigner de son amour infini. Il s’est fait faible parmi les faibles, en s’incarnant dans le corps mortel d’un homme, puis il a accepté de se laisser rejeter par ceux qu’il aimait. Il a pris sur lui la haine de ceux qui l’ont torturé et cloué sur une croix.

 

Le pardon est la solution des forts qui se savent faibles, ou des faibles plus forts que les forts.

 

Il resterait à nous interroger si une telle manifestation de faiblesse n’est pas, finalement, une vraie manifestation de force. Ayant accepté de devenir faible afin d’aimer, cette force ne vient pas de nous, mais vient d’ailleurs. Une force surhumaine, qui vient du Dieu qui est Amour. L’apôtre Paul avait compris cette vérité : « Quand je suis faible, c’est alors que je suis fort. »

Quand je suis faible, c'est alors que je suis fort.

Apôtre Paul La Bible

Car au fond, une force sans amour ne serait forte que de nom. Et un pardon sans faiblesse ne serait qu’un pardon sans force.

 

1. Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra.
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